D’après la nuée qui confiait des secrets à sa sœur

 (Traduction : Samira Ben Ammou)

  

D’après mon père, d’après son voisin,

D’après la poupée dans le champ

Accusant les oiseaux paresseux

De n’avoir pas réveillé le matin timide,

 

D’avoir secoué la chemise des roses

Et que lors se troubla la rosée,

 

D’après la nuée juchée sur l’épaule des paroles

Qui lors sont revenues trempées d’un enfant sage

Auquel les voisines, feignant de l’ignorer,

Laissent choisir les pommes dans leur robe

               Et prendre en flagrant délit les cerises,

 

D’après l’enfant traînant sa grande sacoche de livres,

Et, triomphant, il escalade le rythme à la cadence de la musique

 

D’après mon père,

D’après le goéland, sous sa chemise,

Aguerri aux  rites de l’océan, qui a élu une lune

                 Puis, au toit de ses paroles l’a collée,

 

D’après la nuée qui a laissé, avant le train, une carte

Sur laquelle est écrit « le cheval tient compagnie à la maison»,

 

D’après mon père … D’après moi, je dis

A la nuée restée confier des secrets à sa sœur :

 

Le jeune homme a repiqué, dans un vase à eau, le poème

Mais, de la jeune fille, sa main, sur une pierre, s’est couverte d’herbes.

Un autre, de pierre -sur une pierre précieuse- m’invita à m’asseoir.

 

Prends garde ô mon enfant,

Le poème ne s’endort certes pas dans le lit des passants.

Guère ne fais confiance à l’eau. Tes mains, désormais, n’appâteront plus l’océan malin.

Ô mon enfant …

Il regagne son silence.

Un ciel s’est, encore une fois, éteint dans ses yeux.

 

Mais j’ai surpris l’océan qui, sur sa robe, s’allonge.

L’océan, de la majesté des océans, se défait,

Traverse, vers le café, la rue des survivants …

Mon père ; et l’océan qui sort de ses habits,

Entre dans le poème, y flâne, l’air absent

         Et répand le nectar de sens sur son délire.

 

Et l’océan s’en va hors du port,

Souriant,

L’élégance simple.

Il tire le « samedi » par l’oreille,

S’empare des bouts des cigarettes qu’il a,

Puis le pousse dans le « calendrier » des jours.

 

Et l’océan …

     /N’as-tu jamais possédé de voile ?

J’ai dit : ô père, sa nuée a suivi le jeune homme au café.

L’aiguille de son cœur s’est accrochée à un astre.

Ô père,

Rapporté est ceci par la nuée qui s’est plongée dans l’eau des paroles.

 

Et toi… Est-ce que tu l’as cru ?

Père, le jeune homme a repiqué, dans un vase à eau, le poème

Mais la jeune fille, père,

Auprès de lui s’est prise à coudre le toit de son ciel.

La jeune fille, timidement, est, comme nous, distraite,

Son Dieu, lors, descendu dans la paume de sa main.

     De l’autre elle l’a couvert et il s’est endormi.

Rapporté est ceci par la nuée qui s’est plongée dans l’eau des paroles.