Le jeune homme ne soit-il pierre ! ( Traduction : Samira Ben Ammou)
Elle disait à son ombre Que « le malade sur son lit d’alphabet » Donne aux pommes un sens autre.
Elle disait Et je cherchais ma main dans sa gorge, Elle cachait entre deux chansons la face de Dieu, Ô Dieu ! Marchait-elle, elle troublait les enfants dans mon cœur.
Et de détails de paroles, Elle redonnait aux pommes la posture d’une assassinée qui s’en va vers le sens, Accusant la métonymie de jeune homme ; « le jeune homme ne soit-il pierre ».
Et moi … Moi J’ai essayé de paraître pareil à quiconque Clair ou pâle des pieds Qui tient par la jambe son ombre Et remet en ordre le violon contre ta chemise.
Puis il s’est essayé à moi Et je fus moi … Moi J’ai une barque, papier que je pousse vers le cours du temps, Le col relevé et m’en reviens de moi, J’ai aussi le doute des violettes Lorsqu’elles grimpent l’échelle des remparts, Jettent le poème entre les deux seins d’une dame
Pour s’abandonner aux mots, A des détails -petits comme moi, dirais-je, Tels la pose du bourgeon sur le sein, La couleur de ta causerie manuelle, Le volume du remous, dans l’eau du corps, des deux lunes.
Elle disait Et sa faute ; des oiseaux se sont amassés sur mes lèvres.
Une pierre sur mon cœur, Ah, que la jeune fille n’écarte-t-elle de sa robe les arbres ! Une pierre sur mon cœur, Ah, « que le jeune homme ne soit-il pierre » !
----------------- * Expression de Tamim ibn Mouqbil. Il s’est converti à l’islam et disait chaque fois qu’il s’y sentait étranger : « Que le jeune homme ne soit-il pierre ; ah, que ne suis-je pierre ». |
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